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Voyages_Voyages
25 janvier 2020

Trois longs tours à Auray

Je suis le dieu de la procrastination. Je procrastine à tout va, me roule dans la boue de la proscrastination, je ne sais jamais, non je ne sais pas, je n’arrive pas à savoir si je dois publier quelque chose sur Facebook ou si je ne dois pas le faire; non que je me fasse des illusions car sur ce point je crois être assez lucide, je sais que publier c’est comme ne pas publier, le résultat est, de toutes façons le même car personne, je dis bien personne, n’en a rien à faire de mes petits écrits. Qu’ils soient là, qu’ils n’y soient pas ne change en rien les insignifiances massives du monde qui métastasent cette espace malade. La question n’est donc pas là. Et je crois que si j’ai un défaut, c’est celui d’être clairvoyant, de ne pas me faire d’illusion ni sur l’ensemble du système dans lequel je me meus et m’émeus, ni sur l’absence abasolue de rôle que je ne peux plus avoir à y jouer. Non. Si je m’interroge sur cette procrastination, c’est parce qu’elle ne concerne que moi. Ai-je du plaisir, indépendamment de tout effet, à écrire pour Facebook ou n’en ai-je pas. C’est selon. Parfois j’éprouve une grande soif de mettre en mots ce que je vis, quelque chose comme un placebo contre l’inconsistance, l’oubli et la solitude et parfois, de façon tout aussi forte, résonne dans mon crâne l’impérieux “à quoi ça sert ?” et je sais que ça ne sert à rien, et je me dis que ça me sert quand même à moi, à continuer à être ce que je suis, et je me dis que ça vaut peut-être quand même le coup de ne pas laisser se rouiller les neurones, de les forcer à se bouger un peu dans le marigot du langage et je me dis qu’il faut que j’écrive, que je continue à écrire, que la génération automatique de texte, qui est quelque chose comme ma monture, n’est au fond qu’un cheval de Troie qui fait pénétrer en moi davantage encore de “à quoi ça sert”, davantage de “c’est inutile”… J’ai passé la journée à Auray. C’est un fait, je me suis comme souvent laissé prendre par un de mes démons majeurs, la confiance en moi qui m’empêche de me renseigner et me fait foncer tête baissée dans mes désirs sans garde fous car je sais que je me suis toujours arrangé dans ma vie de toute situation. J’ai pris le train à Lorient, aller-retour. Auray étant une petite ville, je m’étais fixé deux heures pour visiter la ville. Suffisant sans aucun doute. Sauf que… sauf que je ne savais par qu’il y avait quatre kilomètres entre la gare et la ville, qu’il n’y avait ni bus ni taxi. On sait que la marche ne me fait pas peur et je suis donc parti vers ce que, parce que je voyais un clocher émerger dans la brume, je pensais être le centre de la ville. Ce n’était que le quartier de la gare, un ensemble de rues vides et une église nulle dans lequel j’ai erré une bonne demi-heure. Le résultat a été que, quand je suis arrivé à Auray traversé au pas-de-course il fallait que je reparte aussitôt à la gare pour espérer avoir mon train. Dommage. Dans la brume notamment, Auray, le port surtout, est une petite ville qui ne manque pas de charmes et j’ai même aperçu deux librairies vendant des livres anciens mais, pas le temps, pas le temps… Je me suis consolé que j’avais quand même fait une dizaine de kilomètres de marche et que c’était toujours ça de pris. Il faudra cependant que j’y revienne, cette fois en prévoyant plus de temps. Voilà je l’ai écrit, j’ai réussi à l’écrire et je me dis aussitôt à quoi ça sert et pourquoi fais-tu un récit si rapide, pourquoi ne pas y consacrer plus de temps et pourquoi le mettre sur Facebook ? Et pourquoi pas ? Est-ce impudique de s’exposer ainsi ? En tous cas c’est pour moi, pour m’en souvenir, pour le temps qui passe. Est-ce une réponse satisfaisante ?

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