Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Voyages_Voyages
23 janvier 2020

Sur les terres des bonnets rouges

Le soleil a eu beaucoup de mal en milieu de journée à percer une brume tenace, le temps était assez froid mais rien qui n’empêche de bouger, au contraire. Après la session familiale, j’ai passé une nuit à Landerneau pour visiter les petites villes du centre Finistère un peu au hasard de ma circulation : Pleyben, Cast, Landerneau, Locronan…Landerneau est évidemment la plus vivante et la plus riche sur le plan patrimonial. Il y reste de nombreuses maisons anciennes et, à lui seul, le très impressionant pont Rohan sur l’Elorn vaut bien le détour. Il y a même un libraire de livres anciens chez lequel j’ai failli acheter une édition de Marot de 1702, mais, vérification faite sur mes données, je possède déjà bien mieux, l’édition complète originale de 1615. Ma bibliothèque commence à être si conséquente en ouvrages des 17 et 18 ème siècles que je ne me souviens pas de tous. J’ai ainsi acheté à Vannes, un exemplaire de Lesage du Diable Boîteux que je possède déjà, il est vrai dans une édition moins ancienne. Je pourrai toujours revendre l’autre ou… les comparer car il n’est pas rare de trouver des variantes d’une édition à l’autre. Il y a aussi à Landerneau la belle fondation Hélène et Édouard Leclerc qui en ce moment présente une superbe collection des œuvres de Velickovic. On y éprouve à la fois un sentiment de malaise et de séduction, plus encore que Bacon c’est un maître dans l’art de conférer une certaine attractivité, une certaine beauté même à la cruauté et à la souffrance. Personnellement il me met en mémoire certaines pages presque insoutenables de Sade dont Pasolini a si bien rendu l’impossible-possible dans son film Salo ou les Cent vingt Jours de Sodome. C’est une peinture qui met en évidence le vide, la solitude de l’homme et sa capacité à la fois de cruauté et de douleur. J’en suis sorti un peu bouleversé.
 
J’ai donc vagabondé, en voiture quand même, dans la campagne bretonne, évitant soigneusement de m’approcher de l’océan. Une envie de terre. Avec la brume qui emplissait tous les creux de la campagne, le paysage était magnifique tant les reliefs y recevait de profondeurs. Landerneau donc, puis Pleyben, puis Cast, tous lieux où je n’ai pas pu ne pas penser à Sébastien Balpe chef de la révolte des bonnets rouges et où, malgré le désert de ce village, je me sentais un peu en famille, des enclos paroissiaux, des calvaires et partout ces croix bretonnes dont les branches portent les personnages de la sainte trinité. J’ai visité les églises, ce que, bien qu’agnostique, je trouve toujours intéressant de faire parce que, souvent, elles renferment des trésors d’arts locaux, notamment tous ces saints bretons dans des représentations si naïves, si art brut. Avant de rejoindre Quimper, j’ai passé un peu plus d’une heures à Locronan, non seulement parce que c’est un village magnifique comme figé dans le seizième siècle, avec en plus une absence absolue de touristes en cette saison, mais parce que ce lieu me rappelle le lycéen, dont j’ai oublié le prénom, qui participait à la revue Impact 10 et qui se disait royaliste alors que notre revue était imprimée dans les locaux du parti communiste de Lorient à une époque où ce parti représentait beaucoup.
Publicité
Publicité
Commentaires
Visiteurs
Depuis la création 5 407
Publicité
Publicité