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Voyages_Voyages
11 janvier 2020

Lorient (1)

Je m’interroge toujours sur moi-même et je pense qu’il n’est pas très original de dire que, la plupart du temps, je ne me comprends pas… À Fontainebleau j’habite une maison très confortable où je dispose de quatre vélos pour mes différents types de promenade : ville, forêt, promenade tranquille, circuit rapide ; il y a une piscine où j’ai mes habitudes et je suis à cinquante mètres de l’immense parc du château et à deux cent, grand maximum de la forêt de 25 000 hectares qui cerne la ville, où j’aime à promener des heures et à photographier les infinies possibilités d’objets qu’elle propose : rochers aux formes des plus variées, points de vue inépuisables, très riche variété d’arbres et autres objets qui offrent des formes inattendues. Il est vrai que j’y ai peu d’amis, la plupart étant partis car les retraités ont un syndrome irrésistible d’attraction vers le sud, mais il m’en reste quand même une petite poignée et je vois de temps en temps mon fils dont la maison de campagne est à environ sept kilomètres de la mienne. À Paris, j’ai plus d’amis, notamment d’amis plus jeunes, plus créatifs, toujours actifs qui me maintiennent dans la vie, j’y ai aussi ma fille et mes petits fils avec lesquels j’adore discuter régulièrement. Mon appartement, au centre, près d’une grande piscine, y est confortable et je n’insisterai pas sur les possibilités inépuisables de toutes choses. Depuis peu, il est vrai, je n’y fais plus de vélo non par impossibilité physique ni par crainte de la circulation mais parce que cette ville, par ses dimensions, est faite pour les piétons. Ma santé, pour l’instant, est parfaite. Selon les critères habituels j’ai donc tout ce qu’il faut pour être heureux chez moi et n’ayant pas eu toute ma vie ces conditions je me rends bien compte des privilèges que cela représente. Pourtant, deux fois par an, j’ai besoin de m’échapper à ce confort, de m’installer au moins un mois, dans des villes où je ne connais personne, la plupart du temps dans des conditions de logement très inférieures à celles qui me sont habituelles, parfois même limites. Souvent j’invoque le prétexte touristique : ce sont des villes que je ne connais pas, qui sont culturellement riches et où j’aurais de nombreuses choses à découvrir. Mais c’est un gros mensonge car, en fait, sur place, les musées m’ennuient que, dans leurs propositions de richesses trop foisonnantes où l’œil et le cerveau se perd, je trouve tous identiques, que je parcours toutes de la même façon sans m’intéresser vraiment à quoi que ce soit. Je suis capable de marcher aussi bien dans des banlieues grises et informes que dans des centres villes pleins de richesses historiques. J’y fréquente, de la même façon, les bistros ou équivalents pour lire un journal, laisser mon esprit vagabonder et… ne parler à personne. J’y prends ainsi quelques habitudes et, quand c’est fait, je m’en vais. Pourquoi ne pas rester chez moi ? Je peux y éprouver une solitude presque identique. Cette fois-ci j’ai choisi Lorient pour ne plus avoir le prétexte touristique ni celui de l’inconnu car, il y a cinquante ans, j’ai vécu trois ans dans une ville très proche, Quimperlé. Je connais donc bien cette ville qui, pour l’essentiel n’a pas changé. J’oserai même dire que ce qui en faisait autrefois le charme en a disparu : la côte que j’adorais sauvage, est devenue un parc d’attraction aux parcours bien balisés, le centre lui-même comme dans la plupart des villes françaises est devenu un modèle réduit du centre parisien. Le côté pittoresque des bistros à marins s’est banalisé… Et je m’y comporte pourtant comme dans toutes les villes où je m’installe provisoirement : je marche et quand mon rhume sera calmé, je nagerai. Quelle différence pour moi entre Lorient, Stockholm, Vienne ou Venise ? Je ne comprends pas ce que je fuis ainsi, pourquoi je n’arrive pas à assumer totalement le confort que je me suis pourtant construit. D’autant que c’est en toute connaissance de cause que j’ai décidé de venir en janvier n’ignorant rien de la dureté du climat atlantique à cette période. Est-ce une forme de flagellation ? Mais pourquoi, pourquoi faudrait-il que je me flagelle ? Pourquoi m’imposer de marcher dans la pluie froide et le vent alors même que je suis fortement enrhumé et que j’ai mal à la gorge ? Besoin d’un psychanalyste peut être ? Mais je ne le crois pas. Alors ?…

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