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Voyages_Voyages
29 janvier 2020

De Locmiquelic à Port-Louis

Aujourd’hui il a fait beau. Beau comme il peut faire beau en Bretagne : une espèce de lutte amicale permanente et imprévisible ente soleil et nuages, l’un triomphant parfois sur l’autre obligeant tantôt à se refermer dans la chaleur de sa parka, tantôt à mettre des lunettes de soleil pour se protéger d’une lumière blessante. Une lumière bretonne, marine, différente de celle du sud qui est un coup de projecteur permanent dans les yeux, une lumière presque inattendue, supportable-insupportable jouant au chat et à la souris avec le confort des yeux. J’ai donc décidé d’aller me promener et comme j’aime presque autant les batobus de Lorient que les vaporetti vénitiens, je suis d’abord allé prendre celui qui mène à Locmiquelic village dont le nom ne me disait rien, dont je ne savais rien mais dont, en regardant la carte, je me suis aperçu qu’à partir de là je pouvais rejoindre Port-Louis à pied et revenir en bateau jusqu’au port de pêche de Keroman pour, de là, regagner ensuite, toujours à pied l’appartement que j’occupe pour encore 7 jours. Dix kilomètres de marche environ car, bien entendu, n’ayant pas traversé la rade à la nage, je ne peux prendre en compte que les trajets pédestres. Mais parmi les nombreuses injonctions auxquelles, à partir d’un certain âge, nous sommes sans cesse soumis, n’y a-t-il pas celle de faire 10.000 pas par jour. J’ignore ce que cela représente et me contente de marcher dans une espèce de vacance méditative de l’esprit laissant toutes sortes de pensées aller-et-venir sans jamais vraiment en fixer une seule. Moments privilégiés où naissent souvent des intuitions créatives qu’il faudra, ensuite, actualiser, ou non. C’est selon. J’ai fait ce parcours, tantôt en suivant des fragments de chemins côtiers, tantôt sur de petites routes. Locmiquelic est une banlieue coquette, sûrement aisée de Lorient où l’on avance au milieu de petites villas, entourées de petits jardins, avec ou sans bâteau, et qui ont toutes l’air neuves. Ce n’était pas désagréable, mais ce n’était pas le plus agréable. Ce qu’avaient d’enchanteur ces deux heures de marche, ce sont les couleurs de la mer et du ciel, toujours changeantes, jamais uniformes, en fonction des mouvements incessants des nuages, d’un gris de velours profond à des bleus séraphiques, presque évanescents, se mêlant parfois d’un léger mauve, le ciel, la mer jouaient ainsi d’une palette de couleurs indescriptibles que mon ami le peintre Jean-Paul Jappé sait saisir avec précision. Tentation permanente de la photo tout en sachant qu’aucune d’entre elle ne me rendra le plaisir de ces enchaînements d’instantanés etsi fragiles présents et que le souvenir ne saura en garder que des traces infimes. Quant à la vidéo, c’est pire encore car les variations sont si infimes, si lentes qu’il faudrait accepter de créer un film immobile qui durerait des heures. Ce paysage, ainsi, nous excède et c’est de cet excès, de ces éblouissements  qu’il est possible d’extraire, à la fois, de la sérénité et des énergies intellectuelles nouvelles.

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