10 octobre 2015

L’arrivée à Palerme, peut-être généralement en Sicile, surprend tout d’abord par la forte prégnance de la montagne. Vu d’avion, l’impression est celle d’une toute petite bande littorale écrasée par des montagnes sauvages qui tombent sur elle comme des falaises et l’on redoute tout de suite que le pays ne soit pas facile d’accès. Une autre impression, qui se renforce lorsque je prends le bus de l’aéroport à Palerme, c’est d’arriver en Afrique du Nord : le paysage, la végétation notamment, mais aussi les bâtiments me font irrésistiblement penser à Oran où j’ai vécu plusieurs années, mélange de constructions achevées plus ou moins dégradées et de constructions destinées à rester non finies mais cette impression m’est toute personnelle et demandera à être vérifiée.

J’arrive à Palerme, le bus me laisse devant le théâtre Politemea d’où je dois aller à pied vers la piazza Struzo. Je me renseigne, on m’indique une avenue en me disant que c’était tout droit. Je marche une bonne demi-heure. Manifestement ce n’est pas la bonne direction. Je demande à un policier : je n’ai pas du tout pris la bonne direction. Il me faudra une bonne heure, sous la pluie, en traînant ma valise pour arriver enfin Corso Domenico Scinà où se trouve l’appartement que j’ai loué. Cela m’aura au moins fait faire une première visite sauvage de Palerme. En fait, on ne se perd pas facilement dans cette ville où l’on tombe toujours sur l’une ou l’autre des grandes avenues qui la structurent d’est en ouest ou du nord au sud. L’impression dominante est celle d’un mélange inextricable d’ancien luxe et de ruines ou d’abandon. Dès que l’on sort des grandes avenues bien entretenues, on tombe sur des bâtiments délabrés et des tas d’ordures.

Le Palazzo Constantino qui a été, par le plus pur des hasards, l’objet de ma première visite en est un excellent exemple. C’est un grand bâtiment qui semble avoir été en travaux si l’on en juge par la grande grue qui occupe son patio mais dont les travaux semblent aussi arrêtés. Il est occupé par un ensemble de jeunes artistes qui y font une exposition avec d’ailleurs quelques œuvres intéressantes, mais il semble complètement en ruine, les murs sont décrépits, les ouvertures sont absentes ou condamnées, des canons de bronze s’amoncellent près de l’entrée. Pourtant, de-ci, de-là quelques murs portent des restes de peintures magnifiques et il reste quelques pièces où du marbre occupe les sols mais, si on lève les yeux, que l’on regarde les plafonds alors on s’aperçoit que tous, quelle que soit l’état de la pièce où l’on peut entrer ou non portent de splendides ensembles de peintures, très variées d’une pièce à l’autre et étonnamment conservées par rapport à l’état complètement délabré de l’ensemble du bâtiment.

Trop tôt évidemment pour en tirer une conclusion définitive, il me reste encore trente jours.

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