Vendredi 16 septembre 2016

Le monde est si varié, si changeant, si plein de promesses et de déceptions que je n’arrive pas à accepter l’idée que tout cela finira un jour aussi pour moi. M’étant levé à quatre heures du matin pour prendre l’avion, j’étais trop fatigué pour avoir envie de faire la cuisine aussi je suis allé manger dans la Tavola Calda du quartier, quelque chose d’intermédiaire entre le traiteur et le restaurant où l’on mange bien pour rien, et je suis resté là, longtemps à regarder les mouvements autour de ma table. Pourquoi n’ai-je pas apporté ma caméra pour la laisser simplement tourner ? Chaque moment italien est un film tant par la diversité des personnages que par celle des comportements comme cette vieille dame qui achète deux glaces et un verre d’eau et me dit que c’est bien suffisant pour un repas ou cet homme si gros qu’il aurait pu être un personnage de Fellini, ou encore cette scène : une vieille dame est renversée par un tram, bien entendu le tram s’arrête et bouche le carrefour, plus rien ne circule, ça klaxonne, un attroupement se forme, les gens discutent, se disputent sans s’occuper de la vieille dame qui gémit à terre. Il faut bien cinq minutes avant que quelqu’un le fasse. On la relève, heureusement elle ne semble avoir rien de grave. Que faut-il de plus avec en fond sonore la langue italienne si accentuée, articulée, sonore, pour être éveillé ?

Ce matin, gros orage de huit à dix heures, pluie diluvienne puis ça se calme mais le ciel reste quand même bouché et, par moments, il pleut. J’ai donc été obligé d’acheter un parapluie alors que la météo m’avait promis un ciel sans nuage. À qui se plaindre dans ce cas ? Existe-t-il des assurances pour erreur de météo ? Certainement à notre époque où très peu de gens acceptent d’assumer les risques qu’ils prennent. Je me douche à l’eau froide (pas par ascétisme mais il n’y a pas d’eau chaude. Le propriétaire viendra réparer ensuite) et pars vers l’American Sporting Club : fermé, faillite semble-t-il. On m’indique une deuxième piscine pas trop loin. J’y vais. Fermée. On m’en indique une troisième : c’est un bassin de douze mètres. Expérience peu concluante. On m’en a indiqué une quatrième à environ deux kilomètres, le Nettuno Club. J’irai voir demain. Je continue ainsi à visiter le quartier qui pourrait être très beau car il est plein d’aperçus à la Claude Gelée avec les pins maritimes si caractéristiques par leurs houppettes hautes. Malheureusement, la saleté envahit tout, les jardins ne sont pas entretenus et sur les arbres poussent des verres en plastique, des bouteilles et des papiers gras. Sans parler des énormes poubelles qui sont partout et débordent leur contenu sur les trottoirs. Heureusement il ne fait pas trop chaud ce qui épargne l’odeur. Par endroits on se croirait dans les plus mauvais quartiers de Palerme. La ville de Rome est-elle si pauvre qu’elle n’arrive pas à faire nettoyer ses rues ? Le quartier de Centocello n’est pourtant pas le bout du monde.

En marchand vers la ville, après avoir traversé la Muralla Aureliana par la Porta Pia, je suis tombé par hasard sur Santa Maria Maggiore et j’ai donc visité : assez déçu, c’est un grand truc mal éclairé comme si on voulait en cacher les richesses et dont les seules chapelles photogéniques sont « réservées à l’adoration » et interdites au public : je n’ai pas adoré. Je vais ainsi apprivoiser peu à peu la ville et ses distances tournant autour du centre historique et de ses merveilles que je connais trop bien. Mes amis, je ne vais vous faire découvrir presque que la Rome où vous n’êtes certainement pas allé.

que cosa fare per essere

Partager cet article