Mardi 13 octobre 2015

À Palerme les distances sont importntes car la ville est assez étendue, je marche donc des heures dans la vieille ville entre les murs des Palazzi. La plupart sont cependant sur les grandes artères, notamment des deux côtés de la via Maquedu corso Victor Emmanuel. Leurs façades sont généralement peu décorées ou alors de façon très pompière : armes de familles, symboles plus ou moins guerriers. Ils sont tous sur le même modèle : un entresol très haut au milieu duquel s’ouvre une grande porte cochère, en général deux étages visibles aux grandes fenêtres rectangulaires disposées de façon symétrique en encadrement de la porte cochère. Lorsque cette porte est fermée, ce qui est très généralement le cas, leur alignement donne une impression de puissance prétentieuse, de solemnité rigide et peu accueillante. Mais si l’on a la chance de pouvoir la passer, on découvre un patio bien éclairé, dans le meilleur des cas garni de verdure, sur lequel donne un escalier monumental où quelquefois commencent des fresques. L’essentiel, l’éblouissant est lorsque l’on accède aux pièces des étages, surtout du premier, l’étage noble, constitué d’un grand nombre de pièces vastes manifestement destinées aux réceptions dont tous les plafonds, et parfois les murs mais c’est plus rare, en sont merveilleusement peints de motifs mythologiques, religieux ou guerriers. Ce sont ces intérieurs qui révèlent toute la richesse des bâtisseurs et l’on sent que l’austérité et la rigidité extérieures ne sont là qu’une forme d’hypocrisie sociale ne permettant pas de soupçonner les débauches sensuelles intérieures. Ce qui se montre là, c’est un entre-soi de caste qui sous des affirmations de pruderie et de rigueur religieuse et morale accepte, dans ses univers privés, toute la douceur et la sensualité des plaisirs humains. Cependant je n’ai pu, pour l’instant visiter que deux de ces palazzi, le palazzo Constantino qui, bien qu’à l’état de ruine habitée par des artistes contemporains, conserve des restes merveilleux : et le palazzo sant’Elia, fondation privée d’une banque qui expose les superbes tableaux de sa collection, donc restauré correctement sans plus mais dont les plafonds sont superbes. Je n’ai pas encore visité de palazzo meublé. J’espère qu’il y en a quelques uns même si tout cela n’est pas vraiment bien indiqué. En dehors des quelques grandes avenues bien entretenues, ces palazzi sont la plupart du temps dans un état lamentable et, si l’on en juge par le linge aux fenêtres, semblent être devenus des habitations populaires.

Palerme semble cacher ses trésors car il en est de même des innombrables églises dont je parlerai un autre jour dont l’extérieur — mis à part celui de la cathédrale — est assez austère bien que souvent habillé de statues mais dont les intérieurs sont éblouissants.

Palazzi

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