Dimanche 2 octobre 2016

Hier soir j’attendais la pluie. Elle est venue. Vers vingt-deux heures, violente comme il semble que ce soit souvent le cas ici, du moins en cette saison. Des orages bruyants presque toute la nuit puis, au matin, tout cela s’estompe et alternance de nuages et de soleil, jusque vers dix sept heures où la pluie éclate à nouveau soudaine, en cascade.

J’avais décidé de ne pas quitter Centocelle le dimanche, j’ai tenu ma promesse. Je suis d’abord allé faire quelques courses indispensables au supermarché, comme un bon vieux veuf qui se respecte, cet ensemble de magasins semble bien être la sortie dominicale de beaucoup de familles du quartier car on y voit beaucoup d’enfants réjouis avec leurs parents. Il est d’ailleurs certainement ouvert pour ça. Puis petite exploration du reste de Centocelle que je ne connaissais. Tout se ressemble, mise à part la rue qui porte le nom de « Tour des Sciavi », Shiavo étant le nom du propriétaire au seizième siècle d’une tour de défense construite au treizième et disparue depuis, toutes les rues, comme dans nombre de banlieues françaises, ont des noms de fleurs : géranium, roses, cyclamen, camélia… même s’il n’y a trace, excepté sur quelques balcons, de camélia ni de roses ni d’azalées. J’en ai profité pour repérer deux restaurants où je me propose d’aller car hier soir j’ai fait une très heureuse découverte : j’avais décider d’aller, pour une fois, manger une pizza mais, ici, il n’y a pas de vrais pizzeria au sens où on l’entend en France. Ce sont, pour l’essentiel des lieux où on vient chercher des pizzas à emporter, au mieux on peut manger, sur le pouce, une pizza a taglie, c’est-à-dire, une part. Ça ne me plaisait pas beaucoup. Comme je ne mange que le matin vers huit heures, puis le soir, j’avais faim et surtout envie d’être dans un environnement un peu convivial. Je suis passé, par hasard, tout près du métro Mirti, devant un petit restaurant, Mabe (un nom, un surnom, une expression ? Je ne saurais le dire). En tous cas, ce fut une vraie découverte bien loin de la dizaine d’autres restaurants où j’ai dîné dans ce quartier jusque là. J’ai choisi (traduction libre) un poulpe à la plancha accompagné d’un velouté de pommes de terres parfumé au paprika doux accompagné d’haricots rouges. A priori plutôt rébarbatif et bien non, c’était délicieux. Je n’aurais jamais imaginé mettre des haricots rouges cuits dans un velouté de pommes de terre pour accompagner du poulpe. Recette inventive, parfaite, le croquant extérieur du poulpe et son cœur fondant se mariant parfaitement avec ces légumes. Il y avait aussi une espèce de chip élégante faite avec l’encre de seiche. Merveilleux. J’adore ce genre de surprise. Par contre, comme souvent en Italie, les desserts sont assez décevants. Pas mauvais, mais quelconques. Ne parlons pas des prix, ils sont, dans ce quartier, un peu vieux mais qui rajeunit vite semble-t-il, deux à trois fois moins chers qu’en France. Dans l’ensemble d’ailleurs, la vie n’y est pas chère.

Je me plais bien dans ce quartier, trop sûrement, je m’y suis habitué trop vite, est-ce dû aux quatre vingt dix mètres carrés de l’appartement que j’occupe, au soleil, à la lumière ou à ma, de plus en plus grande, familiarité avec l’italien ? Je ne sais pas. En tous cas, pendant les treize jours qui me restent, il va falloir m’obliger à sortir de ce confort trop vite facile.

I polpi amano fagiolli borlotti

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