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Voyages_Voyages
21 octobre 2015

Benessere

V_Palerme

Mercredi 21 octobre 2015

Il pleut depuis hier à Palerme comme à Piazza Armerina, il fait pourtant assez doux. La piscine, où je suis heureux d’avoir à peu près recouvré mes capacités de nage après les deux mois d’interruption dus à une petite intervention chirurgicale, s’impose et je crois que je ne viens rien faire de spécial. Voyager n’est pas courir d’un monument ou d’une curiosité à l’autre et les splendeurs des mosaïques romaines d’hier suffisent pour occuper mon cerveau quelques temps. Après être revenu vers quatorze heures, je reste au calme à bricoler dans l’appartement. Fenêtres ouvertes j’entends les bruits qui montent de la rue où sortent des appartements voisins : de temps en temps une violente rafale de pluie, un scooter, les interpellations des hommes qui se croisent, le bébé d’une voisine qui pleure de temps en temps ou réclame sa mère, la voix d’une jeune femme (sa mère ?) qui ne cesse de le réprimander, les discussions du club des Ultras beaucoup plus calmes que leurs cris d’hier soir — ils devaient regarder un match — et leurs slogans chanté jusqu’à une heure du matin, curieusement sur l’air de Yellow Submarine. La vie…

Je me sens bien ici. J’en arrive même à me sentir mieux que chez moi à Paris ou à Fontainebleau où trop de souvenirs m’assaillent et me font sentir l’ampleur de ma solitude. Ici, rien ne me rappelle rien, j’y suis comme vierge et je peux vivre pleinement le temps présent dans une attention continue à de petites choses qu’en France je ne vois pas. Et puis il y a une spontanéité étonnante des enfants comme ce jeune garçon, dix ans peut-être, montant son vélo sur le dos dans un long escalier de Piazza Armerina qui me regarde en souriant et me dit « e pesante », cette petite fille du même âge me voyant passer dans une petite rues plutôt déserte et qui m’interpelle pour me demander si je suis italien et pourquoi je visite son quartier, ou encore ce garçonnet jouant au foot sur une place et qui, considérant qu’il a réussi son tir au but, tape de sa main ouverte dans la mienne comme si j’étais un de ses camarades. Les gens vous adoptent vite pour peu qu’ils vous voient trois ou quatre fois et les échanges sont faciles. J’ai déjà signalé cet homme venu s’asseoir à côté de moi dans le bus pour engager la conversation ou de l’extrême serviabilité des propriétaires de la Demora del Conde avec qui nous avons très vite parlé de nos familles respectives ou encore cette commerçante qui retire les pantalons de deux de leurs cintres pour me les donner alors que je lui demandais où je pouvais en acheter. Ëtre bien, se sentir bien ne tient qu’à des petites choses anodines. Le luxe m’importe peu, je préfère un hôtel modeste dont l’atmosphère me convient à un hôtel de grand luxe où tout me semble vite artificiel, y compris et peut-être surtout, l’amabilité du personnel. Il est vrai que je me sens assez vite bien partout. C’était le cas en Asie Centrale, au Maroc, au Canada, à Londres, Lisbonne, Séville, Berlin, etc. Mon tempérament contemplatif fait que je me coule vite dans une distance aux choses qui ne me fait voir que le côté positif de la vie. Je suis alors totalement présent au présent seul ma curiosité se satisfaisant des faits minimes qui ne cessent de surgir sans cesse. Or je ne réussis pas à installer cette distance en France où je me sens impuissant devant les nombreux événements qui me dérangent et pour lesquels je sens que je ne peux rien faire. Attitude de vieillard ? Peut-être. Mais à quel âge a-t-on le droit d’être un peu égoïste ?

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