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Voyages_Voyages
26 avril 2014

Marché aux puces

V_Lisbonne

 

26 avril 2014

Journée lisboète banale. Hier le temps était splendide : la côte d’azur en août, aujourd’hui c’est Dinard en juin. Il pleut. Assez fort le matin puis, par intermittences. Le soleil ne parvient pas à percer. Ce sera pull et blouson tout le jour et, de temps en temps, parapluie.

Lara veut voir le marché aux puces (La feira da ladre). Nous avons rendez-vous au petit kiosque du square Santa Clara qui, comme tant d’autres, domine le Tage. J’ai Le Monde et Libération. je bois un café tranquille en lisant mes journaux. Expresso. Puis le temps passant, sandes (sandwich), assez bon, demi de bière pression. Lionel me rejoint. Nous bavardons en regardant le Tage. Le temps, temporalité et météo, ne compte pas, nous regardons changer, en fonction des mouvements des nuages, les couleurs du fleuve. Il y a ainsi — est-ce parce que je suis à l’étranger ? Mais je ne le crois pas car j’éprouve parfois aussi cela dans le parc du château de Fontainebleau — des moments de grâce où rien ne pèse, où la vie semble suspendue au rythme lent des paysages. Nous bavardons sans avoir rien de spécial à nous dire, une complicité tranquille. Il est là, je suis là, le temps s’est arrêté, seule compte la présence à l’autre et au contexte.

Lara arrive. Je leur avais proposé de visiter le monastère San Vicente dont j’ai déjà parlé ici. Nous y allons. Ce lieu est magique. Presque vide uniquement rythmé par l’uniformité riche et variée des azulejos qui habillent tous les murs. Blanc et bleu pâle. Un lieu propice à l’absence aux choses, à la méditation et je sens que, dans un lieu pareil, je pourrais me découvrir mystique. J’y éprouve à peu près le même sentiment qu’en Asie Centrale en écoutant les textes de Machrab ou de Navoï. Il y a ainsi des évidences universelles qui sont de l’ordre du sur-humain dans lesquelles l’esprit humain ne se pense plus que comme esprit, où le cerveau semble dominer l’être, donnant un sentiment de puissance non agressive et de paix absolue. Une impression de com-passion, d’harmonie avec le monde.

Mais tout a une fin. L’après-midi, je travaille à mes carolingiens. En soirée, nous faisons les touristes, repas Praça do Commercio et, comme prévu, cher et quelconque. Les serveurs sont gentils, comme partout. La place est belle. Il pleut, un peu. L’amitié et la convivialité compensent la médiocrité du restaurant. Amis, allez ailleurs si vous venez à Lisbonne.

Rentrant chez moi, je suis un trajet inhabituel et rôde dans des petites rues chaleureuses, pleines de petits restaurants, passant d’une escalda à une esacldinha, d’un beco à une calçada (autant de mots désignant des rues et qui n’ont pas d’équivalent en français). Pour avancer de cent mètres, il faut en faire cinq cent, pour monter de cinquante mètres, monter, puis descendre, puis monter à nouveau, puis… Tout ce que j’aime dans ce Lisbonne où les touristes sont si peu nombreux. Comme je maîtrise la topographie, je finis par atteindre mon but, heureux de tous ces chemins détournés et des surprises à chaque coin de rue.

Whisky. Demain, suivant le temps, sera un autre jour.

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